Being Kachou

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Happy Fucking Galentine's Day to Me

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Aujourd'hui 13 février quarante-quatrième jour de l’année, jour de la Sainte Béatrice, a été déclaré le jour le plus merdique de la terre. Veille de la St. Valentin mais aussi jour où il y 28 ans je naissais. Ô tristesse, ô vieillesse.

 

Aussi loin que je me souvienne j’ai toujours eu horreur de mes anniversaires, je n’ai jamais eu le goût de les fêter, je crois que tout a commencé à mon dixième anniversaire, quand ma mère avait organisé mon anniversaire - ce qui fut d’ailleurs le seul - au Mc Donald. Nous étions une petite dizaine à nous empiffrer de Happy Meal tout en hurlant avec nos mâchoires édentées, pleine de frite et à scander des absurdités dignes d’un épisode de Bob l’Éponge. Ce jour-là, je me suis rendue compte que je changeais de dizaine, en fait je passais à - LA dizaine - celle que tout gosse rêve d’avoir. Enfin la consécration, les 10 ans, le premier âge à deux chiffres, celui qui nous fait sentir que nous passons un cap. Sauf pour moi, mes 10 ans étaient la représentation de la vieillesse, je sais vous allez me dire 10 ans ce n’est rien, on est encore des bébés à cet âge-là, on n’est pas responsable, nos mères choisissent nos habits le matin pour nous sinon nous porterions des déguisements voir pas de vêtements quotidiennement, on ne mange pas de légumes, ces choses vertes et croquantes sont en fait des démons qui souhaitent envahir notre corps afin que nous devenions sain, et en plus de tout ça à 10 ans on est con. Lors de cet anniversaire, j’ai pris conscience que la vie passait vite qu’il me restait que quelques dizaines d’année pour m’accomplir et être heureuse.

 

 

Ce fut le seul anniversaire que j’ai réellement fêté, bien sûr il y a les âges pré-trentaine que l’on appelle « étapes » comme les 16 ans où on devient un ado boutonneux, repoussant, on ne pense qu’aux garçons ou aux filles, on s’aperçoit que nos parents sont ringards et qu’ils ont une vie sexuelle, mais surtout on est aussi con qu’à 10 ans. Puis viennent les 18 ans où on peut sortir en boîte, fumer et  boire légalement de l’alcool (même si en France on commence à boire à 10), on a un ego à la Kanye West et ou aussi on peut baiser qui on veut sans rendre de compte à qui qu'on que. Ensuite on entame les 20 ans, deuxième changement de dizaine mais au final les 20 ans ressemble à nos 18 ans. Et enfin étape finale de la pré-trentaine les 25 ans où on est un "vrai adulte" avec des responsabilités, un job, et une vie amoureuse stable.

 

Mis à part ces étapes, je n’ai jamais eu d’aspiration ou d’envie de fêter mes anniversaires. Je fêterais peut être mes 80 ans en me disant « Yes ! Putain je l’ai fait, je suis vraiment vieille et je suis toujours en vie ». En attendant nous sommes toujours le 13 février et ma poisse grandit de minute en minute.

 

Pour échapper à ma prise de rides j’ai décidé de partir en vacances, seule, car oui, je suis en quelque sorte une aventurière des temps modernes, une rebelle. Il faut vraiment être une rebelle pour partir en Jamaïque dans un tout-inclus ! Avez-vous déjà essayé de vous passer de la crème solaire dans le dos de manière uniforme ? Impossible me direz-vous ? Étant une vraie rebelle, rien ne m’effraie pas même un simple étalement d’indice 40 sur une zone corporelle atteignable uniquement par des moines contorsionnistes shaolins.

 

Me voilà prête à partir pour le Jamaïque, cocotier, soleil, eau turquoise et alcool à volonté, un combo parfait pour fuir cette célébration qui me renvoyait l’image à ma psychasthénie ce sentiment d’incomplétude. Seulement il y avait un « hic », car oui il y a toujours quelque chose qui cloche, nous étions le 13 février, qui n’était même pas un vendredi, le dernier vendredi 13 février fût en 2009. C’est mon anniversaire jour officiellement déclaré de poisse international.

 

Je me rends à l’aéroport en métro, moyen de transport économique et interminable. Arrivée au comptoir d’enregistrement avec ma petite valise qui contenait en majorité des maillots de bains et quelques robes de plage, mon enthousiasme fût rapidement et froidement coupé par cette hôtesse au sol - connasse – qui m’annonça avec un large sourire –de connasse- que mon vol était complet et que malheureusement j’étais en surbooking, son visage radieux laissa place à une face désolante quand elle vit ma date de naissance sur mon passeport, elle se rendit compte de la douce ironie de la situation. Ce fit le premier coup de massue.

 

La compagnie aérienne n’en avait que faire que ce soit mon anniversaire, elle ne pouvait que me proposer le vol d’après qui était le lendemain à la même heure avec une belle compensation de $1000, putain mais c’est mon anniversaire! Merde! Comment refuser de l’argent de la part d’une entreprise qui a réduit en miette la non célébration de ce jour qui n’apparait qu’une fois dans l’année, certes moins rare qu’une éclipse lunaire mais, tout aussi dangereux que le Grímsvötn ce volcan Islandais qui perturba le trafic aérien européen pendant des semaines. Je rentre chez moi en taxi, afin ne pas afficher ma peine représentée par des yeux mouilles, bouffies et rouges aux badauds du métro.

 

Sur le chemin d envoie des messages à mon « Tinder Date #4 », toute aventurière a besoin de partager des moments intimes avec un homme – bucheron de préférence - surtout dans un moment aussi cruellement triste le sexe s’avère être un bon traitement, mais malheureusement aucune réponse de sa part, ma tristesse grandissait au fil du trajet.

 

Je ne peux estomper cette peine qui m'amenait à la conclusion que mon anniversaire n’était qu’une vaste mascarade.

 

Une fois arrivée chez moi je m’empresse d’ouvrir la bouteille de vin blanc il n’était pas encore midi mais je sais que l’alcool aide à oublier - tant que je n’oubliais pas de me lever le lendemain pour prendre mon vol - je m’en fou d’être jugé par mon chat - Maurice. J’ouvre un vin blanc de Bourgogne qui était un des rares vins à satisfaire mon palet de française soit disant oenologue en herbe, dans - le Canada étant un pays de sous vins.

 

J’attendais mon deuxième coup massue, je savais qu’il allait tomber mais quand, là était la question. Il arriva après mon deuxième verre, mon téléphone vibra, j’étais assez sobre pour pouvoir taper mon mot de passe sur mon téléphone - mais pas encore assez saoule pour pouvoir oublier, ma prémonition du matin. La réponse de Tinder Guy #4 fut brève, efficace et déchirante « I am working today and tonight I am babysitting my niece and nephew ». Les larmes me coulent, ma rage monte, une réalité dure à avaler ou une peine de cœur – causé par son indisponibilité - le fatalisme me gagna – comme une envie de poser les genoux à de lever les mains au ciel et de crier « pourquoi moi ? » - Putain mais c’est mon anniversaire ! Merde !

 

Que m’arrivait-il ? Qu’ai-je fait pour mériter ça ? Putain mais c’est mon anniversaire! Merde!.

 

Comme pour crever cet abcès je décide d’en finir avec cette bouteille de vin, comme pour persifler à ma manière ce 13 février - connue aussi sous le nom de la Sainte Galentine jour où les femmes célèbrent les femmes en rébellion contre cette hérésie qui est la Saint Valentin.

 

Comme si ce pamphlet qui énumère les échecs de mon anniversaire devait voir le jour afin d’exhumer ma quête surnaturelle d’une utopie que l’on appelle « Bon Anniversaire » car même les Galentines ont le droit à leur part de gâteau avec des bougies.

 

Putain mais c’est mon anniversaire! Merde!

 



14/07/2014
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