Being Kachou

Quand tu es une femme, célibataire, pas trop moche - même si la beauté est subjective - et proche de la trentaine – plus de 28 ans - tu as toujours durant les repas de famille ou alors les réunions d’ancien de ton lycée cette question qui revient tel un leitmotiv redondant bien chiant : « et alors, toi c’est pour quand ? » - Mais c’est pour quand quoi ? Que je vais faire caca ? Que je vais faire un régime ? - Plus tu vieillis et plus ton entourage se retrouve marié avec des enfants et espere que toi aussi tu vas connaitre se bonheur ultime - car oui être seul c'est être malheureux - 

Cette question est toujours posée – pour une raison obscure ou alors une intention d’humiliation– devant un public large et bizarrement très intéressé par la réponse.

Lors d’un repas de famille, assez bon enfant, j’ai eu le droit à cette question. Moi, qui au début ne comprenait pas trop bien quel était l’intérêt de cette question ma première réaction fut : « pourrais-tu être plus précis dans le "et alors" ? ». Et la précision à cette question a fait transparaitre sur mon visage une « poker face » assez troublante – au vue de la réaction unanime de l’audience. Ma réponse fut brève mais précise « je suis célibataire ». Mais, non ma petite quel erreur viens-tu de faire ? Grosse boulette Kachou…

La boite de Pandore est maintenant ouverte, et ma famille va s’en donner à cœur joie sur les questions encore plus chiantes que ce « et alors ? ».

Dans un premier temps j’ai eu le droit aux traditionnels : « tu es une jolie fille ça ne doit pas être compliqué pour toi de rencontrer des hommes » - non ce n’est pas compliqué mais quant à l’envie de les garder s’en est une autre, Mamie (je n’ai bien sûr pas dit ça à ma grand-mère, c’est juste ce que j’aurais voulu lui dire) – « une fille comme toi, doit avoir des demandes en mariage à tout va ! » - j’attends toujours que Joseph Gordon Lewitt me demande ma main, Tonton Arnolphe – « ta beauté doit faire fuir les hommes » - c’est peut-être pour ça que je vois plein d’hommes courir dans les rues, ou alors ils font du jogging, Maman. J’ai eu le droit à un vomi de compliments sur l’ampleur de ma beauté et sur le fait que je suis une femme irrésistible pleine de qualités que les hommes sont trop cons pour voir tout ce que ma famille peut voir.

Mais être une femme parfaite dans ce genre de situation ça ne dure que 2 minutes et 35 secondes…

Comme le son de cloche d’un ring de boxe, le clignement d’yeux de ma mère sonna le changement de direction de la conversation, centrée sur ma petite personne – Ding ding. Deuxième round – la dépréciation.

Ces éloges étaient trop belles, et comme si ma famille ne voulait pas que je prenne la grosse tête, et que je termine tel Kanye West, la phase reproches est lancée. « Peut-être que tu en demande trop aux hommes ? » - c’est sûr que m’aimer parait une épreuve de force que seul les plus robustes peuvent atteindre, Cousine Chrysalde – « Tu sais à ton âge on doit faire certaine concessions » - j’ai ce qu’on appelle des standards, et je pense qu’ils ne sont pas au niveau où je recherche mon Joseph avec le cerveau d’Einstein et l’humour d’Andy Samberg, Cousin Alain – « Ton horloge biologique tourne, il ne faut pas attendre trop longtemps » - Merci de me dire qu’à 28 ans mes œufs commencent déjà à pourrir, que demain j’aurais des bouffées de chaleur toutes les 2 heures et qu’après demain je serais ménopausé sans enfants, Cousin Oronte – « Ne prends pas ça comme un reproche, mais plus tu avances dans l’âge et moins tu as de choix » - Je vais me lancer dans le business de « Suga' Daddy » ou alors je serais une cougar en furie, Papi. Ces petits coups de poignards dans mon amour propre – et ma confidence de jeune « working girl » - a été balayé en un claquement de doigts par 10 bourreaux aux visages découvert.

Me voyant passer de « poker face » à « ma vie est minable, tuez-moi », ma famille s’est mis en tête de faire la revue de tous mes ex et potentiel maris – qui rentrent dans leur critères très variés mais aussi qui donnerait naissance a un monstre à 2 têtes – Et en avant pour l’acte 3 – faisons de ton passé un futur meilleur.

Comme si ma « madre » était le chef d’orchestre, elle décide encore une fois de chambouler la conversation et lance « J’aimais beaucoup Horace – je tiens à garder l’anonymat de cette pauvre personne, même si cette nouvelle est purement fictionnelle j’ai quand même envie de laisse planer le doute- Je trouvais que vous alliez bien ensemble » - Moi aussi je l’aimais bien, mais je crois qu’il aimait encore plus rentrer sa quequettes dans d’autres vagins que le mien. « J’ai un de mes collègues je suis sure qu’il te plaira, en plus il t’a vue sur Facebook et il te trouve très mignonne » - Cool, ça fait 2 ans que je cherche un coach en séduction, montres-moi comment faire grand-tante Georgette – « Sinon tu n’as jamais pensé à demander à Enrique ? » - Je ne suis pas à ce point désespérer à me mettre avec mon cousin. « Est-ce que tu as essayé de te mettre sur des site de rencontres ? » - Je suis déjà sur : Tinder, Adopte un Mec et Match.com mais promis demain je m’inscris sur eHarmony, Tonton Arnolphe. 

Après cette tentative – passive – de me faire commettre un inceste sur mon cousin Enrique, ma famille sentant mon agacement sur mon visage – j’ai un visage super expressive la colère se caractérise par un froncement de sourcils assez vif et un écartement de trous de nez, un peu la tête que tu fais quand tu pousses fort aux toilettes – ma famille laisse tomber l'affaire.

Dans mon élan de mécontentement d’intrusion dans ma vie privée, je décide de poser MES questions de « bitch » qui fâchent et qui tuent, à ces couples en apparences si heureux.

Cousine Chrystale – « Est-ce que ça fait partie d’une coutume bobo de donner le sein à son enfants de 5 ans ? »

Tonton Arnolphe – « Est-ce que ta nouvelle femme – bimbo de 10 ans de moins avec un patrimoine de $10,000 dans ses seins - est au courant que tu as été marié 4 fois avant elle ? »

Grand-tante Georgette – « Quand as-tu vue une quequette pour la dernière fois, et je précise en vrai et pas sur la plage ? »

Cousin Alain et Oronte – « Est-ce que vos copines respective savent que vous inter changé une fois de temps en temps – étant des jumeaux identiques ils ont cette faculté - ? »

Comme le soulagement d’un long pipi de 2 minutes, mon visage de satisfaction extrême commençait à transparaitre. Quel plaisir de balancer à la face des gens leur imperfection et d’être une vraie connasse sans cœur.

Oui je suis célibataire et je vous emmerde !