A la Conquête de la Date
Quand tu es une Française au pays du bûcheron, tu veux toi aussi avoir ta ritournelle avec un grand barbu qui ressemble de loin à un hipster avec une hache sur l'épaule.
Je me suis donc lancée dans l'aventure de séduire un Canadien, mission que je pensais simple, allait s'avérer être un vrai parcours du combattant rempli d'obstacle. Je vais d'ailleurs retirer cette nouvelle « Quand Kachou data Goliath », juste pour vous donner un avant-goût de la situation.
En France, quand on est une fille : jeune, vieille, belle, moche grande, petite, mince, grosse ; la séduction nous tombe dessus dès notre plus jeune âge. Par séduction, j'entends ces mecs affamés qui pensent avec leurs quéquettes et qui vous agrippent comme si vous étiez une proie, mais bon dans le lot on peu en trouver 2 ou 3 qui peuvent faire l'affaire !
Avec mon assurance à la française et mon jean moulant, je me rends avec des amis dans un bar dansant. Tel Robocop, j'analyse la salle et son contenu. Chose importante à savoir, le Canadien n'est pas la nationalité la plus séduisante. Après mon examen, non approfondi, je repère un jeune homme dans mes goûts. L'attaque passive - enclenchée ! Je reste donc au bar à boire mon verre avec mes amis, positionnée stratégiquement à 3 mètres en face de ma « target ». Yeux de biche sauvage - enclenchés ! Je le fixe du coin de l'œil tout en jouant avec la paille de mon gin tonic. Cela fait 45 minutes que je suis sur le même gin tonic, et ma target n'a toujours pas réagit. Je ne fataliste pas, mais je suis blessée dans ma beauté extérieure, du coup, j'enfile la fin de mon gin tonic cul sec et je m'en commande un autre.
Je me rabats sur mon option numéro 2 en arborant la même stratégie d'attaque : le positionnement, le regard et une touche de sensualité à la parisienne. Malheureusement encore un râteau... Coup de poignard dans mon ego bis, mais afin de passer une bonne soirée entre amis, je décide donc d'abandonner mon expérience de séduction et de me commander 3 autres gin tonic !
Devant ces deux échecs cuisants, je décide de m'inscrire sur « Tinder ». Cette application est révolutionnaire, car tu ne peux parler ou avoir un « match », qu'avec des gens qui t'ont « like » et que tu « like » aussi. Bon, je vous l'accorde, c'est aussi extrêmement cruel, car tu peux ne pas avoir de « match » avec quiconque. Pour Kanye West, ce serait l'application de la mort de voir qu'il n'a pas 100 % de « match » avec toutes les filles inscrites sur Tinder. Donc conseil, si tu as un ego à la Kanye West (plus ou moins 20 %) évite fortement d'utiliser Tinder.
Me voilà entrée dans cette sphère de la drague virtuelle – excitant. Au bout de quelque heures, je me retrouve avec 10 « matches » (repositionnons les choses dans leur ensemble, je ne suis pas une fille à poster des photos de moi en maillot de bain). Avoir un match, c'est comme avoir une explosion de champagne dans votre estomac – ça pique, ça fait du bien, mais sans faire mal à la tête. Pour l'ensemble de mes matches, j'ai décidé d'envoyer la même phrase (bateau) « Hey!! How are you doing? » ou la variante « Hey!! How's your day going? ». Entre les non-réponses ou les DTF (Ndlr: « down to fuck »), j'entame des conversations avec des jeunes mâles canadiens – mon bûcheron est proche, je le sens ! Au bout de quelques jours l'un d'entre eux me propose de prendre un verre. Et là, dans ma tête, je me suis dit « Je vais avoir la première date de ma vie » sensation étrange mais satisfaisante.
Comme une espèce de flash-back, je me revois assise au cinéma en train de regarder le film « La vérité si je mens 2 » et être à la scène où ils sont en décapotable et Serge lance « tu ne sais pas, c'est quoi une date ? Une date, c'est tu crois que tu vas niquer, mais en fait, tu ne vas pas la niquer ».
En avant pour cette première date ! Je me rends au bar avec une certaine appréhension du « est-ce que je vais le reconnaitre ? ». Il arrive, en retard, on discute, il me raccompagne au métro, m'embrasse et on se quitte. En règle « générale » en France, une fois le rancard terminé, tu envoies un petit message pour dire que tu as passé une bonne soirée et que tu aimerais bien le revoir et tout le blabla. Mais là, pas de message, même pas un petit « nice to meet you » ou alors un minuscule « Good night ». Sur cet affront et le viol de ma bouche, je propose une date à « Tinder Guy #2 ». Mais avant ma date, soit 3 jours après ma date avec Tinder Guy #1, je recois un message de celui-ci même qui dit « I spent a really good night the other day, I hope we could do the same soon », ma première réaction fut un écarquillement d'œil mélangé d'un froncement de sourcils suspicieux entremêlé d'un « euhhhhhh ? » Bien parisien. Je lui réponds et pars voir mon Tinder Guy #2.
Le même scénario se répète, il arrive, en retard, on discute, il me raccompagne au métro, m'embrasse et on se quitte.
Je me lance dans l'écriture d'un petit message bien bateau pour dire que j'avais passé une bonne soirée – Pourquoi ne pas envoyer le message que Tinder Guy #1 m'a envoyé ? C'est peut-être cruel, mais je suis en vrai manque d'inspiration... Mais pas de réponse de la part de Tinder Guy #2.
Soudain au bout de 3 jours, il me répond. Et là, il y a eu comme une lumière d'intelligence qui se dresse sur ma tête – je sais, c'est une ampoule, mais je voulais faire un peu genre intelligente. Pourquoi deux gars qui ne se connaissent pas, que j'ai daté séparément aurait la même habitude... ?
Sans trop m'attarder, je propose une seconde date à Tinder Guy #2, le même scénario se répète, il arrive, en retard, on discute, il me raccompagne au métro, m'embrasse et on se quitte. Et comme une non-surprise, je reçois mon message 3 jours après notre date, à ce moment-là dans la vie les hasards n'existent pas se sont juste des coïncidences – et les coïncidences sont aussi rares que les éclipses lunaires en Finlande en plein mois de juillet.
Le mode frottage de barde et réflexion – enclenchée !
Premier réflexe quand on veut chercher quelque chose, on va sur Google, et je tape « 3 and date » simple mais efficace, car j'ai trouvé toutes les informations concernant la règle des 3 dans les dates : - tu couches au bout de 3 dates – il te contacte au bout de 3 jours – tu es officiellement une petite copine au bout de 3 mois – tu peux avoir jusqu'à 3 dates en même temps. J'aimerais faire un petit aparté sur le dernier point qui est, pour moi française de base de 28 ans, un concept bizarre que l'on appelle la polygamie consentie mais non avouée. En gros, tu testes avec 2 ou 3 mecs et tu gardes le plus viable – ça fait un peu survie de l'espèce version romance à deux balles.
Sur les bonnes trouvailles de Google, je m'embarque dans ma troisième date à la recherche de plaisir charnel avec Tinder Guy #1 – ça fait 8 mois que je suis seule, j'ai bien le droit d'être en manque. Comme une espèce de prophétie, la règle des 3 dates se réalisa, comme si Google était Dieu et qu'il savait tout sur tout – Note pour plus tard les Canadiens ont des petites quéquettes...
Sans même tarder, je me lance dans la rédaction d'une thèse – avec pratique – de la date au Canada. Je m'embarque dans d'autres dates avec Tinder Guy #3 #4 et #5. C'était comme si je détenais le savoir universel de la date, je connais les trucs et astuces les choses à dire et à ne pas dire, j'étais la reine de la date ! Mais mon règne fut de courte durée, car après les troisièmes dates, je ne suis arrivée qu'à garder Tinder Guy #1 et #4 – et oui, je me suis lancée dans le business de la polygamie.
Au bout de 3 mois d'intense dating avec Tinder Guy #4, il s'est approche de moi et m'a posé une question assez bizarre : « So ? What do we do ? ». Je n'étais pas certaine de la nature de sa question, mais aussi de la réponse que je devais donner... Je lui demande d'être plus explicite, et là, il ne répond « Should I consider you as my girlfriend ? ». Ma bouche en coin, mes sourcils inégaux et mes yeux plissés ma première réaction fut « de quoi il parle ce crétin, on sort ensemble depuis 3 mois », puis comme un choc électrique traversant mon corps, l'image de la page Google – 3 and date – apparue devant moi. Depuis les 3 derniers mois, nous n'étions pas ensemble, nous tâtions du terrain comme des apprentis mormons polygames.
La morale, c'est que, Google à toujours raison !